Je traduis depuis une vingtaine d’années. Je
n’aurais pas cru, jusqu’il y a deux ans
environ, qu’il ne me serait peut-être pas possible d’exercer ce métier toute ma vie. Pourtant, il y a eu des signes avant-coureurs, comme les grilles tarifaires des agences, trop avares pour payer
quelques répétitions de mots dans un texte considéré dans son ensemble. La traduction automatique, la post-édition et l’IA ne font qu’enfoncer le clou. Nos revenus se sont émiettés. Il faut toujours faire plus, plus vite, pour
moins. De créateur et communicant à travailleur aliéné, il n’y avait donc que quelques pas à franchir ?
Par ailleurs, si l’on se penche sur
les contenus nouvelle génération, on ne peut pas franchement parler de progrès, tant la perte de compétences et de créativité pour l’espèce est évidente. J’espère encore que nous reviendrons à la
raison une fois démontrée l’aberration (économique aussi) d’un langage plat, appauvri, uniformisé. Pourvu que l’individualité
et l’originalité ne se perdent pas dans le ronronnement de la machine.
« Contre-sommet de l’IA : Pour un humanisme de notre temps »