RÉSISTANCE

Depuis les débuts de lIA, sa dimension cannibale est à lœuvre. Avec ChatGPT, elle est devenue encore plus manifeste. Son discours soporifique, ses phrases construites à lidentique… Je ne doute pas que les linguistes connaîtront de meilleurs jours. Puissions-nous tenir bon.

 

Voulons-nous dune vie prévisible, optimisée et rentable, régie par le mythe de la croissance et du progrès, se résumant à une somme dalgorithmes ? Allant toujours plus loin dans lartificialisation, la brutalité et la destruction ?

 

Pour que ça n’arrive pas

Comment ChatGPT sape la motivation à écrire et penser par soi-même

Source : https://theconversation.com/comment-chatgpt-sape-la-motivation-a-ecrire-et-penser-par-soi-meme-240096?
Cet article reflète bien la perte systémique des compétences engendrée par lIA. Ou quand la facilité devient un frein à la pensée (et donc à la créativité).
Que reste-t-il de notre capacité de réflexion si nous ne mettons plus nous-mêmes en forme nos phrases ? Nest-ce pas justement dans le processus de formulation que nous créons et articulons notre pensée ?
Adieu singularité, apprentissage, bienvenue dépossession, annihilation ?
« Le risque de voir l’IA saper à la fois les compétences rédactionnelles et la motivation à composer par soi-même est en fait en gestation depuis des dizaines d’années. »
« Si la génération de textes par l’IA se charge d’écrire à notre place, nous réduisons nos possibilités de réfléchir par nous-mêmes. »
« Mais la tentation de s’appuyer sur des outils d’édition et de génération de textes tels que Grammarly et ChatGPT est trop grande tant il est facile de substituer des résultats prêts à l’emploi à des occasions de réfléchir et d’apprendre. »
Et lauteur de conclure : « La rédaction doit être un voyage, pas seulement une destination. »

Location

L’intelligence artificielle n’est pas une intelligence, ce sont des maths, le niveau de création est nul : « Une IA ne crée rien, soyons clairs. On peut même lui faire dire n’importe quoi en orientant une question. »
On apprend aussi que la course au cerveau artificiel est un mythe, que les tentatives de régulation ne frappent pas au bon endroit, mais que oui, une exploitation illégale des contenus a bien lieu.
Fort heureusement (c’est moi qui introduis de la sorte le propos de l’ingénieur et informaticien, plus nuancé) : « Ces IA génératives ne sont pas viables et vont bientôt disparaître. Du moins, les génériques, les LLM (Large Language Models), comme ChatGPT. Parce qu’elles nécessitent énormément de ressources. Si on faisait autant de requêtes ChatGPT que sur Google, il n’y aurait pas assez d’électricité dans le monde. »
Alors quoi ? « On développe maintenant des IA plus petites, spécialisées dans des domaines bien spécifiques, des SLM (Small Language Models). »
J’aurais ajouté la question suivante : Le temps de passer à des formes d’IA spécifiques pour des secteurs donnés, bon nombre d’emplois auront déjà disparu, favorisant la médiocrité, la perte de compétences et la déshumanisation dans les métiers de l’écrit et de la communication, entre autres. Ne devrait-on pas mettre le holà plus vite ? Les conséquences climatiques et la création d’une génération dépendante aux robots ne nous alarment-elles pas en ce sens ?
Source : https://www.24heures.ch/les-ia-generatives-vont-bientot-disparaitre-332580420526?

la théorie du trombone

Cette vidéo fait brillamment le tour des enjeux de lIA.
On commence gentiment par lallégorie du trombone. Une fois le décor planté, on examine les ressorts néfastes de lIA, létendue de notre méconnaissance. Nous ne maîtrisons rien. Il ny a rien de fascinant dans cet inconnu-là. La démonstration du cercle vicieux qui nous conduit vers la fin (de la vidéo et de l’humain) est pourtant géniale.
LIA nous trompant déjà par souci defficacité, quadviendra-t-il si nous continuons à lui offrir les moyens de sa scalabilité ?
Je disais quil ny avait rien de fascinant, car nous pourrions cesser cette course, qui na rien à envier à la course à larmement nucléaire.
Les puissants à lorigine des développements de lIA entretiennent le plus grand flou sur la sécurité (gros problème dalignement entre notre volonté et le résultat fourni par lIA), sont conscients de foncer vers linconnu, mais personne ne se décidera à ralentir, afin de rester dans la compétition.
« Dans le pire des cas, cest la fin pour nous tous. » Ah ben ça va, alors...
Je pensais que lIA allait juste nous enfermer (dans lignorance, la médiocrité et la dépendance notamment), mais en fait je comprends quelle peut nous détruire, et quen plus on est daccord, parce quau cas où ça narriverait pas, faudrait quand même voir à ce que le voisin ne devienne pas meilleur que nous. 🙄
Je me rends compte que ce que je pensais être très largement de la science-fiction nest quune petite part de ce qui nous attend réellement.

 


IA =

« Nous assistons à une telle débâcle de la culture, à un tel recul de la pensée, à une sorte dabrutissement si universellement répandu que lavènement dune langue formatée comme une ligne de code informatique ne suscitera aucune réaction particulière. Bien vite, elle deviendra la norme et quand lindividu se retrouvera confronté à une phrase qui empruntera mille détours pour décrire lobjet de sa pensée, il restera interdit comme un singe à qui on tend un miroir, au point de la révoquer à tout jamais. »
« Si la langue est vouée à devenir un simple outil utilitaire, un parmi tant dautres, elle échouera à saisir ce qui fait le fondement de toute vie humaine, limpalpable perplexité de lesprit confronté aux vertiges de la connaissance. Si la langue prend le chemin de la robotisation, elle précédera de quelques années ou décennies la métamorphose de lindividu transformé en un être vidé de toute substance, de tout désir de saffranchir des contingences de sa propre existence. »
« Un roman sans style a autant dintérêt quun film pornographique qui viserait à décrire les intermittences du cœur, une coquille vide où le lecteur trouverait une satisfaction immédiate sans jamais progresser dun iota () »
Source : https://www.slate.fr/culture/blog-sagalovitsch-amoureux-langue-cauchemar-intelligence-artificielle-ia-disparition-ecrivains-poesie-litterature