Depuis les débuts de l’IA, sa dimension cannibale est à l’œuvre. Avec ChatGPT, elle est devenue encore plus manifeste. Son discours soporifique, ses phrases
construites à l’identique… Je ne doute pas que les linguistes connaîtront de meilleurs jours. Puissions-nous tenir
bon.
Voulons-nous d’une vie prévisible, optimisée et rentable, régie par le mythe de la croissance et du progrès, se résumant à
une somme d’algorithmes ? Allant toujours plus loin dans l’artificialisation, la brutalité et la destruction ?
Pour que ça n’arrive pas…
« Nous assistons à une telle débâcle de la culture, à un tel recul de la pensée, à une sorte d’abrutissement si universellement répandu que l’avènement d’une langue formatée comme une ligne de code informatique ne suscitera aucune réaction
particulière. Bien vite, elle deviendra la norme et quand l’individu se retrouvera confronté à une phrase qui empruntera mille détours pour décrire
l’objet de sa pensée, il restera interdit comme un singe à qui on tend un miroir, au point de la
révoquer à tout jamais. »
« Si la langue est vouée à devenir un simple outil utilitaire, un parmi tant d’autres, elle échouera à saisir ce qui fait le fondement de toute vie humaine, l’impalpable perplexité de l’esprit confronté aux vertiges de la connaissance. Si la langue prend le chemin de la
robotisation, elle précédera de quelques années ou décennies la métamorphose de l’individu transformé en un être vidé de toute substance, de tout désir de s’affranchir des contingences de sa propre existence. »
« Un roman sans style a autant d’intérêt qu’un film pornographique qui viserait à décrire les intermittences du cœur, une coquille vide où
le lecteur trouverait une satisfaction immédiate sans jamais progresser d’un iota […] »